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L'AU-DELA EPUISE
     
     
     
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Il n'y a pas d'image de la Vérité. Pour ce motif il s'en fabrique qui prouvent quelques passages furtifs entre le Soleil et la Lune, quelques évasions loin de la stratosphère, purgatives ou paradisiaques... Des marbres et des vitraux disent au passant que rien n'est perdu, que nous allons tous dans la même direction... Ce voyage nous mène d'un lit plus ou moins confortable dans une dernière demeure de petite taille et de piètre confort. C'est là que nous attendons sans lumières l'occasion d'en sortir, débarrassés d'emploi du temps, juste attentifs aux trilles des trompettes du jugement dernier... Quand sonnera l'épouvantable fanfare, nous irons à poil en cortèges, débarrassés de faim, de soif, de désir, de mémoire, d'heure, d'amis et de sexe ... Aspirés dans l'éternel présent d'une terreur atroce ou d'une joie sans limites, dévorés par des crocs ou parfumés comme des lys... Tel est le futur exaspérant que nous promettent des ambassadeurs autoproclamés. Il existe des variantes de l'aventure dans l'au-delà dont la plus sympathique nous vient des Gaulois : s'y faire rembourser un crédit contracté sur terre....

Tant de tracas valent-ils la peine de payer des fortunes pour des signes extérieurs de présence, carosser de marbre des chapelets de vertèbres, mettre des couleurs surd es vertus au chômage, chanter pour des lendemains sans aurores ni crépuscules? La peur de la solitude, l'horreur des froidures humides qui glacent le sang, nous ont coupé des réalités. Ce qui fut conçu dans le ventre des mères, nourri, entretenu puis avancé en âge à 37°C sera défait comme les feuilles tombées des arbres, privé de cieux et d'air, ira dicrètementl au caniveau... Le peu d'esprit qui nous monte à la tête sera lâché, perdu, dans des paperasses illisibles ou chanté de travers par des ramasseurs de bois mort. On en fera du feu dans le meilleur des cas... Nos cousins et nos ancêtres n'étaient pas mieux lotis sous la Lune, mais il est vrai qu'on se comprend mieux sans le langage des savants. Je ne connais pas de bêtes qui creusent des tombes et se couvrent d'épitaphes pour informer leurs semblables de leur déplacement...Elles se couchent là où on ne les dérange pas, laissent aller leur poumon et leur coeur, posent la tête assez confortablement et attendent la fin de leurs obligations sans colère. Il arrive que les chats ronronnent dans ces circonstances... Voilà pourquoi les hommes sont incapables de parler aux bêtes, sauf quelques saints ou quelques ravis qui entendent des voix dans le vent, de la musique quand il pleut, des rires sous les feuillages et des poèmes au bord des rivières...

 
spitz allemand, Neige , photo michel ducruet
 
     
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